lundi 13 juin 2016

Tao-Te-King-Le Livre de la Voie et de la Vertu par Lao-tseu


Auteur : Lao-Tseu
Présentation : Jean Éracle
Traducteur : Stanislas Julien
Editeur : J’ai lu
Collection : Librio spiritualité
Prix : 3.00€


Nous avons ici affaire à un texte sacré et pas des moindre. Conçu par le fondateur du taoïsme, Lao Tseu, en 600 avant Jésus-Christ. 

Bien que l’existence de ce dernier ne soit pas vérifiée et certaine, il laissa une œuvre et un texte sacré pour l’Extrême-Orient. En effet, l’identité réelle de l’auteur n’est pas officielle, c’est-à-dire que l’hypothèse considérant que le Tao-Te-King soit le produit successif de plusieurs sages chinois n’est pas rejetée, dans la préface de notre édition nous pouvons lire « une grande incertitude entoure le « Vieux maître » : Lao-Tseu d’après l’historien Sseu-ma Ts’ien.

Le livre du Tao et de la Vertu fascine l’Extrême-Orient qui en a fait de nombreuses interprétations et où depuis plus de deux mille ans le taoïsme est devenu un courant philosophique, voire religieux.
L’analyse du titre nous poussera à comprendre davantage le contenu de l’œuvre. Soit, Tao-Te-King, ou bien Tao-To-King. 

Premièrement « Tao » signifie « la voie » ou « le chemin », dès lors on comprend, le chemin ou la voie spirituelle. Tandis que « To » signifie la vertu, considérée en Chine comme la vertu morale. Et pour finir, « King » évoque la notion de « classique », de « sacré ». Nous sommes donc face à un ouvrage classique nous indiquant la voie sacrée de la vertu. 

On sait à présent que le Tao-Te-King est bien un texte et un recueil de réflexion philosophique, en effet et nous le verrons ensuite, le livre se compose de deux parties nommées par « Le Tao » : le chemin et « La vertu ». En réalité, nous retrouvons dans ce texte bien des conseils sur l’Être que nous sommes, mais aussi sur la façon de s’imprégner du matériel ou du pouvoir ou de toutes ces choses éloignant l’âme spirituelle. « L’âme spirituelle doit commander à l’âme sensitive » 

Mais qui est donc ce Vieux Maitre ?
Je ne vais pas revenir sur la dimension mythique de l’existence ou non de Lao-Tseu, puisqu’en effet nous avons une image traditionnelle nous donnant Lao-Tseu comme un personnage extraordinaire, qui se veut conçu par le passage d’une comète ou l’ingestion par sa mère d’une prune magique, lui donnant naissance directement avec des cheveux blancs et une barbe, nous verrons comment la dimension de la vieillesse caractérise l’homme dans la Chine Antique. Mais nous avons également une source historique prouvant l’existence de Lao-Tseu comme Lao Dans. En effet, au IIIème siècle avant Jésus-Christ, un ouvrage nommé Han Fei Zi, nom également de son auteur, un philosophe et penseur politique chinois faisant parti du courant légiste attribue la paternité de Daodejing à Lao-Tseu, l’analyse n’ira pas jusqu’au bout, puisque nous avons pu démontrer cela par ailleurs.
En réalité Lao-Tseu serait un surnom donné, le Vieux Maitre aurait appartenu à la famille Li, et son prénom serait « Eul » tandis que son appellation est « Tan ». « Eul » signifie oreille et « Tan » longue, l’interprétation est donc que Lao-Tseu signale par ses longues oreilles. Ce qui est concevable car dans la Chine Antique, la transmission du savoir s’effectue par la parole et l’exemple. Les vieux ont beaucoup entendu et donc possèdent un savoir imposant. Ils sont capables de comprendre le sens de la vie et de se donner à l’essentiel, ils incarnent alors la sagesse.
Lao Tseu serait né dans un village nommé Lou-Yi dans l’actuelle province de Henan. Il effectua de brillantes études et deviendra archiviste à la cour des rois Zhou. Il aurait ici reçu la visite de Confucius qui l’aurait interrogé sur les rites concernant les rapports entre les diverses classes d’une société hiérarchisée ayant à sa tête un roi. Cette rencontre est essentielle car elle reflète le rejet des rites pour les taoïstes a contrario des confucianistes qui les considèrent comme prioritaires. Tandis que les taoïstes privilégient les libertés de chacun et la non-conformité de la vie.

La tradition admet que Lao Tseu aurait disparu en quittant ses fonctions et en renonçant au monde. Il aurait alors pris la route vers l’Occident sur un buffle, c’est une scène majeure dans l’art chinois.


Le sage serait ensuite parvenu à la frontière du Sian, où il aurait rencontré Yin Si, gardien de la passe qui l’aurait retenu en le suppliant de lui donner un enseignement de sagesse. C’est ainsi qu’un recueil d’environ cinq mille caractères se créa à partir de notes. Recueil qui diffère peu du Tao-Te-King.
Lao Tseu aurait ensuite poursuivi son voyage vers l’Ouest, où personne ne l’aurait jamais revu. Il se dit qu’il aurait bénéficié d’une longévité et serait parvenu à l’immortalité. 


Parlons à présent du texte en lui-même, de son contenu, de sa structure, de son style et de ses valeurs.
La rumeur dit qu’en réalité le Tao-Te-King serait constitué de deux ouvrages différents semblables par leur valeur et leur style. Ils ont donc été réunis sous un même titre. L’ouvrage est divisé en deux chapitres composés de sentences. Il y a donc 37 sections sur le Tao et 44 sur la Vertu, pour un total de 81 chapitres. Dans la version chinoise, l’ensemble du texte comporte cinq mille caractères. Le texte d’origine est écrit en chinois classique littéraire, d’une manière rythmée et rimée.
Les chapitres débutent souvent par des petits poèmes qui soumettent notre réflexion. Ils sont ensuite commentés ou suivis d’autres poèmes complétant le précèdent.
Tout cela est très énigmatique puisque les termes utilisés sont bien souvent polysémiques. Le texte admet une certaine difficulté, en effet, au chapitre LXX, il est inscrit « mes paroles sont faciles à comprendre […] pourtant personne au monde ne les comprend ».

Le fait que le texte soit écrit en langue classique donne le récit complexe à saisir pour les chinois d’aujourd’hui. Le sens peut se voir changer ou mal interprété, par l’absence de ponctuation et la présence de polysémies, ajouté à cela les caractères dont la signification peut différer au fil du temps.
Cela s’accentue également par la difficulté de la contextualisation qui pose toujours problème avec les textes religieux ou philosophiques. D’où le souci d’interprétation bien trop présent de nos jours.
Le texte regorge de philosophie et de sens. Il aborde l’âme spirituelle, l’âme sensitive, l’éternelle, l’honneur, la morale, le vice, le bien, le mal, le néant, le vide… L’origine de tous les éléments et des êtres se trouvent dans le Tao. L’ouvrage donne un sens au vide, évoque l’importance du retrait de soi-même et critique grandement la force et le pouvoir, ou bien encore le détachement. 

C’est alors qu’à chaque sentence nous nous trouvons ressourcer. La philosophie du Tao constitue un bien évident pour l’Homme, par son rejet du matérialisme, et son amour de l’essentielle. Nous y retrouvons de réelles questions métaphysiques. Je pense qu’il est véritablement question d’un ouvrage révolutionnaire sur le point de vue de l’Homme et des sociétés.

vendredi 12 février 2016

Cinématographiquement parlant : Au delà des montagnes, Jia Zhangke



Nous allons parler aujourd’hui d’un film splendide, présenté au Festival de Cannes en 2015, festival dont le réalisateur Zhank-ke en est un habitué, il en était membre du jury de la sélection officielle au festival de 2014, a remporté le prix du scénario en 2013 pour A touch of Sin.
Ce film est une œuvre très historique à l’honneur du peuple chinois de la culture chinoise. En effet, nous allons découvrir les enjeux de la mondialisation sur l’être qui oublie d’où il vient, et je trouve cela fascinant. D’autant plus que je pense que cette vision futuriste que Zhank-ke a pour la Chine et surement ce qui attend également l’avenir de la France.

Le film est bien évidemment d’une qualité merveilleuse, tant au niveau de sa présentation, de ses scénarios, car oui contrairement à de nombreux films chinois, il y a du scénario, un scénario très touchant parfois, par ailleurs. Mais les acteurs sont également parfaits dans leurs rôles. Nous retrouvons notamment Zhao Tao dans le rôle de Tao, Zhang Yi, dans le rôle de Zhang Jinsheng, Jing Dong Liang qui joue Liangzi, Sylvia Chang pour Mia, et  Donzg Zijian interprétant Dollar.


Pour résumé cette œuvre :

Nous découvrons trois personnages principaux, Tao, Zhang Jinsheng et Liangzi. La relation entre ces trois derniers n’est rien qu’un triangle amoureux. Les deux hommes, amis, depuis toujours veulent Tao. Sauf que l’on verra Liangzi perdre toute amitié pour son ami, lorsque ce dernier prit par le pouvoir et l’argent se montrera égoïste et destiné à ses intérêts. Il coupera ses liens d’amitié avec Zhang Jinsheng et finira par se marier avec Tao à qui il fera un enfant, Dollar.  
Le scénario de base est en effet simple, mais au fil du film, il se passe vraiment quelque chose d’extraordinaire, morale et nous en tirons une réelle leçon de vie : ne jamais s’éloigner de ce qui en nous, de ce qui nous a créé.
La subtilité du film est vraiment dans l’avenir de l’homme. En effet, au départ les deux hommes vivent au même endroit, ils sont de la même classe sociale et tout se passe très bien pour eux. Or, lorsque l’un s’enrichit et découvre une classe sociale qui n’est plus celle de son ami qui reste pauvre, il coupe les ponts. L’homme se définit presque par sa classe sociale ? C’est ce qu’il en est.

Le réalisateur sur la naissance de ce film, évoque que l’idée lui est venue lorsque ce dernier terminait A touch of sin. Il évoque la thématique de la mondialisation de l’être, de l’individu, qui était d’une violence « extrême » qui touchait aux sentiments. Le réalisateur est parti « du désir de tout en chacun de construire quelque chose de stable et de durable, à partir d’une famille, d’un lieu géographique où s’installer ». Le film évoque bien évidemment un triangle amoureux, mais sous ce thème se cache une réelle cause, la mondialisation, les mutations de société, le réalisateur démontre à travers celui-ci l’isolement des individus. Pour démontrer cela, il a partagé avec son spectateur, plusieurs périodes de la Chine pour enfin finir par anticiper vers l’avenir.
Effectivement, tout l’art de ce film se trouve dans les trois périodes représentées. Le film s’ouvre en 1999, par une danse su « Go West », mais on comprend très vite que nous sommes réellement à la période où la Chine se donne au capitalisme, avant l’existence d’internet, des portables …
Et puis lorsque nous arrivons à la période contemporaine par un élargissement de l’image, nous sommes dans le capitalisme. Et rapidement on comprendra la force de la mondialisation, synonyme entre autres du capitalisme, qui détruit les liens humains. « Dollar, ton papa va te gagner des tas de dollars »


Pour finir, la projection dans le futur, est catastrophique du point de vue de la culture chinoise. En effet, il n’y a plus de langue, plus de plats traditionnels, plus de liens… juste la gloire, juste la réussite. Avec l’éducation de Dollar, cet enfant qui a vu divorcer ses parents, gardé par son père, qui a appris à parler seulement anglais… avec cette éducation en plein moment de mondialisation de la Chine, nous découvrons alors les conséquences, les conséquences qui sont l’oubli de l’histoire, l’oubli de culture, l’oubli d’autrefois, mais surtout l’oubli d’où l’on vient.
Mais en plus du déracinent par la perte de soi-même du fait de la mondialisation de l’être nous rencontrons également le déracinement par la migration. Comme le dit le réalisateur «  la Chine a connu une première vague d’émigration du Nord vers le Sud, de l’intérieur des terres vers la côte et les grandes villes, de gens à la recherche de travail et d’une vie meilleure. Maintenant, il existe une émigration vers l’étranger, pour une classe de gens en quête de sécurité. » A travers au-delà des montagnes, on observe cette émigration vers l’étranger, où le père se doit de partir pour le succès qui lui a valu des affaires de corruption. Mais outre que le film, les émigrants de la Chine quittent souvent celle-ci pour des raisons de pollution, pour un meilleur environnement, ou pour une meilleure éducation pour leurs enfants, on en a vu le cas avec Dollar.