mardi 29 septembre 2015

Boule de Suif, Maupassant.



Auteur : Guy de Maupassant
Annotateur : Louis Forestier
Éditeur : Gallimard
Collection : Folio classique
Prix : 2€00



Bonjour à tous, en ce jour je reviens pour vous parler d’une lecture, symbolique de l’individualisme, de la bassesse et de l’hypocrisie humaine. Dénonçant les grands de cette société (ou pas) passée, réduisant les personnages à leur propre réalité, c’est-à-dire leur ignorance et démontrant que les petites gens sont parfois les êtres les plus respectables et honorables. Dans une sincère réalité, nous retrouvons donc une nouvelle vraie et pourtant triste de dénoncer ce que le peuple est vraiment.

Dans le cadre parfait de la nouvelle réaliste, Boule de Suif s’installe parmi une des plus belles œuvres dénonciatrices de Maupassant, écrite en 1879 puis parue en 1880, d’abord avec ses amis des Soirées de Médan, puis dans le recueil de nouvelles réalistes, « Les soirées de Médan ». Cette nouvelle fut une des plus grandes réussites de Maupassant, elle fera de lui, un grand de la littérature française, elle sera adaptée au cinéma ainsi qu’au théâtre de nombreuses fois.

Maupassant nous fait part ici d’un réalisme assuré, en effet, l’histoire se déroule sur une période historique réelle, pendant la guerre Franco-Prussienne. Il se dit que l’oncle de Maupassant ait inspiré le personnage de Cornudet, personnage emblématique de la nouvelle, et le second personnage essentiel, Boule De Suif, fut inspiré d’une prostituée rouennaise, qui est Elisabeth Rousset. De plus le déroulement de la nouvelle se passe en Normandie, dans des lieux considérés par Maupassant, l’auberge dans laquelle les dix personnages « séjourneront » existent aussi également. Les personnages qui y sont présents ne peuvent être mieux décrit, des descriptions si sincères, fidèles à Maupassant, notamment pour celle de Boule de Suif, qui est très concrète, les attitudes ne sont ni embellis ni enlaidies, dans les qualités comme dans les vices, nous avons une réception sincère des sentiments, de toutes les classes sociales, représentées par un couple de personnage, dans un temps de crise et de guerre. 
C’est donc tous ces éléments qui complètent le cadre spatio-temporel qui nous plongent dans une nouvelle réaliste pure.

Nous retrouvons des thèmes forts dans cette nouvelle, des accusations importantes également, en effet Maupassant dénonce la guerre, d’une façon très péjorative, les soldats y sont vus comme des bêtes et non plus des hommes, « redevenus des bêtes affolées », prêts à « tuer par plaisir, tuer par terreur », ils sont ainsi appelés les « partageurs de la mort », les « citoyens de la tombe », des termes très lourds et très puissants. Cependant, la guerre, elle, est présente au cœur de toute la nouvelle, et rythme le récit  nous retrouvons également une terrible critique des Prussiens, Maupassant voit en leur arrivée « un tremblement de terre ».
Mais nous avons, effectivement une critique sociale évidente, en effet la nouvelle se rapporte sur dix personnages, dont deux personnages notoires, chaque personnage représente une classe sociale du XIXème siècle, commençons donc par présenter :
  • Boule de Suif, appelée ainsi pour ses formes généreuses et son physique gras, celle-ci nommée que par son surnom, ce marque dès le début de la nouvelle en position d’infériorité, cette femme exerce une profession contraire à la morale, en effet, elle est prostituée, mais également une femme à conviction avec des idées politiques et religieuses concrètes.
  • Le deuxième personnage, Cornudet, qui est présenté essentiellement selon ses idées politiques, possédant une attitude bruyante et franche mais qui n’a point l’air d’agir souvent, un homme qui ne fait donc que parler, ironie du révolutionnaire, haineux envers les bourgeois…
Boule de Suif et Cornudet semblent les deux personnages respectables de la nouvelle, en effet, ils luttent tous-deux contre la décadence humaine, ils sont perçus comme des marginaux dans une société égoïste, sans âme, sans pitié, n’ayant qu’en tête leur simple intérêt.

Passons à présent, aux quatre autres couples, d’abord,
·         Les Loiseau, bourgeois, qui se montrent odieux envers Boule de Suif, ils représentent la bourgeoisie et son avarice, l’égoïsme et l’individualisme.
·         Les Carré-Lamadon, bourgeois normands, forts en pouvoir, faibles en pensée, hypocrites. Monsieur se dit politicien, mais ne voit que l’argent, homme sans convictions. Madame, elle, méprise Boule de Suif alors qu’elle-même est une bonne connaisseuse de l’adultère.
·         Les Bréville, aristocrates normands, lâches, argumentent fortement afin que Boule de Suif cède aux avances du prussien, en pensant qu’à leurs propres petits intérêts. Leur intellectuel leur permet une manipulation facile sur leur camarade, en effet ils réussiront les deux religieuses à convaincre Boule de Suif.
·         Les deux religieuses, représentent une critique de l’église, paraissent comme des automates, effectuant des gestes mécaniques religieux. 

La nouvelle se déroule sous la guerre Franco-Prussienne, de 1870 à 1871, où Rouen est envahie, dix habitants décident donc de prendre la diligence, un transport commun, pour fuir Rouen et s’établir à Dieppe, dans un froid hivernal, cela vont faire un arrêt dans une auberge à Tôtes, ville également occupée par les prussiens.
Cependant le lendemain, les dix personnages ne pourront partir qu’à une seule obligation, un chantage effectué par un officier Prussien, qui exige que Boule de Suif couche avec lui pour que les dix rouennais repartent sur leur exil. Tous, sont d’abord choqués par cette exigence, puis la faim, l’ennui, l’égoïsme finissent par se présenter, indirectement ils vont pousser Boule de Suif à bout, jusqu’à ce que celle-ci accepte. Une fois chose faite, une fois le sacrifice de Boule de Suif établi, les voyageurs vont pouvoir partir au petit matin, mais Boule de Suif, contrairement au début du voyage, n’a pas eu le temps de se préparer de la nourriture, nourriture qu’elle avait offert à ses camarades, ses camarades eux, arrivés l’heure du déjeuner, vont manger bien calmement en ne laissant aucune miette à la respectable Boule de Suif. 
Celle-ci s’effondre en larme devant l’égoïsme et l’ignorance de cette petite société.

Cette nouvelle est donc très forte et puissante dans la représentation sociale, en effet la femme qui semblait au départ, la moins respectable par sa profession, retourne la situation par son courage et son sacrifice, elle finira par se montrer comme une héroïne, délaissée et victime de sa générosité. 


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